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étude sur les sépultures barbares

nation, les Goths, ou, si l’on veut, c’est la même école gothique qui les a produites... »

Après avoir parlé des célèbres couronnes de Guarrazar, dont une est con­servée au musée de Madrid et dont les huit autres se trouvent à celui de Cluny, M. Henszlmann résume son travail et conclut que tous ces objets, aussi bien ceux qui témoignent d’une grande richesse que les autres , moins somptueux, moins finis, proviennent des Goths, peuple « sorti de la Russie et fixé ensuite en Espagne, qui a seul fait preuve d’un génie artistique parmi les peuples barbares, ses contemporains. »

Si l’on entre dans les détails des objets barbares plus modestes, plus grossiers en quelque sorte, et par là même plus communs sur notre sol :, on demeurera convaincu de la précision et de l’exactitude des démonstrations du savant hon­grois.

Les ouvrages de M. de Baye, auxquels on doit toujours se rapporter en cette matière, ne laissent non plus aucun doute sur l’origine gothique de tous ces objets répandus dans toutes les provinces. - « La présence de bijoux goths dans les mobiliers funéraires des divers peuples barbares, - exposait-il au Congrès de Liège, en 1890[1], - offre une preuve convaincante de leur diffusion à l’époque des invasions qui précédèrent la chute de l’Empire romain... Les produits franks et burgondes, vous les connaissez et vous avez dû être frappés de la similitude qui les réunit. Ceux de la Gothie sont encore peu étudiés, mais les recherches que j’ai entreprises me permettent d’affirmer leur identité avec les dépouilles sépulcrales de ses voisins du Nord et de l’Est. D’un autre côté, la ressemblance des parures gothiques de la Gaule et des parures gothiques de la Scythie prouve que les Goths sont bien les importateurs de cet art en Occident. »

Il y a plus de quarante ans, quelques archéologues, et notamment le Dr Rigollot, appelaient l’attention des chercheurs sur cette époque de notre histoire alors inconnue. Dans un savant Mémoire que nous avons eu l’occasion de citer maintes fois[2], cet antiquaire faisait justement remarquer que l’industrie qu’on pouvait prêter aux Goths était à cette époque presque impossible à saisir ; car cette race n’étant passée, disait-il, qu’en pillant et ravageant à travers la Germanie, n’avait pu y laisser aucun vestige d’un art qui lui fût propre. Il n’était pas étonnant, en effet, que le Dr Klemm, dans son Manuel d’antiqiiités de la Germanie, passât sous silence les produits de la fabrication de ce peuple.

L’opinion du Dr Rigollot était fort juste lorsqu’il prétendait que les restes de l’industrie des Goths, fournis par leurs sépultures, devaient être recherchés là où

  1. J. de Baye : De l’influence de l’art des Goths en Occident. (Congrès historique et archéologique de Liège, août 1890.)
  2. Dr Rigollot, Recherches historiques sur les peuples de la race teutonique qui envahi­rent la Gaule au cinquième siècle.