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étude sur les sépultures barbares

Dès à présent, nous croyons avoir fait connaître l’équipement probable du guerrier wisigoth, différant sur plusieurs points du vêtement du franc décrit par Apollinaire[1]

On sait peu de choses sur le costume des femmes. Une longue robe, serrée à la taille par une ceinture, recouvrait le corps, laissant les bras nus.

[La loi salique, on le sait, punissait d’une amende de 35 sous d’or les attouche­ments aux bras d’une femme libre.]

Elles portaient en outre une sorte de fichu qui cachait le cou et la poitrine, appelé peut-être sabanurn, et qui se fixait au moyen d’une ou de deux fibules, selon la richesse de la femme[2].

Les hommes, comme les femmes, portaient, suspendue à la ceinture, une sorte de trousse, retenue par de minces courroies ou des chaînettes. Les fouilles des sépultures barbares ont donné à peu près tous les objets dont se composait cette sorte de châtelaine, indispensable à la toilette et aux moindres besoins des deux sexes. C’étaient un ou deux couteaux de fer, mesurant en général 0m18 ou 0m20 de longueur, des ciseaux ou forces, quelque peu semblables à nos anciennes tondeuses de chevaux, des pinces à épiler, des cure-dents, des peignes en os, des fiche­-pattes, de longues aiguilles de bronze, des briquets de fer, et parfois une bourse de toile ou de cuir dont le fermoir en métal a seul échappé à la destruction[3]

Les bijoux, tels que colliers, bracelets et bagues, paraient indistinctement les deux sexes. Les femmes portaient cependant des colliers et des bracelets plus grands et plus riches. Ils étaient formés de grains d’ambre, de terre cuite, de pâte de verre, de verre soufflé. Parfois le collier comprenait une monnaie, une pièce de bronze carrée ou ronde, unie ou ornée de dessins, enfilée avec les grains et suspendue au milieu de la poitrine.

Il était d’usage, chez les peuples envahisseurs, d’inhumer leurs morts vêtus et munis de leurs armes et de tous les ustensiles dont ils s’étaient servi durant leur vie. Grâce à cette coutume, il nous est aujourd’hui possible de reconstituer, tout au moins en partie, l’équipement du Barbare. Et cela est d’autant plus certain et uniquement attribuable à ces peuples, qu’avant leur apparition, les populations indigènes avaient adopté le mode d’incinération des corps, pratiquée par les

  1. « Regulorum autem sociorumque comitantum forma et in pace terribilis : quorum pedes primi perone setoso talos adusque vinciebantur genua, crura, rnrœque sine tegmine. Praeter hoc, vestis alta, stricta versicolor, vix appropinquans poplitibus exertis ; manicae sola bra­chiorum principia velantes, viridantia saga limbis marginata puniceis. Penduli ex humero gladii balteis supercurrentibus strinxerant clausa bullatis latera rhenonibus. Eo quo come­bantur ornatu, muniebantur ; lanceis uncatis secnribusque missibilibus dextrœ refertae, clypeis laevam partem adumbrantibus, quorum lux in orbibus nivea, fulva in umbonibus, ita censum prodebat ut studium... » Sidoine Apollinaire. Lett.XXXII.
  2. Quicherat, Histoire dit costume en France, p. 87. - Venantius Fortunatus, passim.
  3. Abbé Cochet, Tombeau de Childéric, p. 317. - Normandie souterraine, p. 217 et passim. - J. de Baye, Industrie longobarde, p. 75.