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Page:Barrière-Flavy - Etude sur les sépultures barbares du Midi et de l'Ouest de la France, Privat, 1893.pdf/68

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ÉTUDE SUR LES SÉPULTURES BARBARES DU MIDI ET DE L’OUEST DE LA FRANCE.


Quicherat n’hésite pas à voir des soldats francs dans cette troupe de Barbares dont parle l’évêque de Clermont[1]. Les chaussures et le sagum constituent pour lui la principale différence entre les guerriers du Nord et ceux du Sud de la Gaule.

Les uns et les autres portaient un justaucorps de couleurs diverses, haut, serré à la taille par une ceinture à têtes de clou, descendant à peine au jarret et ne couvrant que l’avant-bras.

Le manteau du Franc était, d’après Apollinaire, vert à raies rouges ; celui du Goth, au contraire, consistait uniquement en une peau de bête[2].

Les guerriers de Clovis enveloppaient leur pied avec des bandes de cuir rattachées au-dessus du talon ; le Wisigoth avait une chaussure faite en cuir de cheval, et dont les attaches montaient jusqu’au haut de la jambe, fixées alors au moyen de ces petites boucles que l’on rencontre fréquemment dans les sépultures barbares.

Comme armes, les Goths portaient généralement un grand couteau, appelé scramasaxe, peut-être une longue lance à crocs qu’Augustin Thierry fait connaître dans ses Récits et qui doit être l’angon recueilli dans les tombes des peuples des invasions ; une hache qui diffère de la francisque, quoique affectant des dimensions très diverses ; enfin, l’arc dont parlent les historiens de l’époque.

Bien que les pointes de flèche ne se rencontrent que rarement dans les fosses des cimetières du Midi, il n’en est pas moins certain que les Goths excellaient dans le maniement de cette arme qu’ils employaient dans les combats de préférence à toute autre. Procope dit que les Francs ne combattaient pas avec l’arc. Jornandès attribue, en effet, aux Wisigoths, une aptitude particulière pour cet exercice et une habileté remarquable[3]. Sidoine lui-même le reconnaît dans sa première lettre à Agricola.

En dernier lieu, il est probable que les Wisigoths se servaient du bouclier de même que les Francs ; et c’est une constatation remarquable à faire qu’aucune sépulture de la vaste région que nous avons explorée n’ait donné d’umbo de bouclier.

Si, d’une part, il semble rationnel d’admettre que ces Barbares ont fait usage du bouclier, il est, d’un autre côté, important de noter l’absence complète de tout objet de ce genre dans le mobilier funéraire des tombes attribuables aux Wisigoths. La question, pour être résolue, exige encore de nouvelles recherches, un examen approfondi des cimetières qui seront ultérieurement découverts.

  1. Quicherat, Histoire du costume en France, p.82.
  2. Ibid.
  3. « Quorum studium fuit primum, inter alias gentes vicinas, arcus intendere nervis, Lucano plus historico quam poeta testante : - Armeniosque arcus intendere nervis... » (Jornandès, De origine actuque Getarum, lib. III.)