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étude sur les sépultures barbares

Herpes a encore donné de petites fibules à tête semi-circulaire et à appendice triangulaire, assez semblables à celles qui ont été fréquemment rencontrées dans les sépultures franques de la Belgique et dont le musée de Namur renferme des spécimens remarquables dus aux longues et minutieuses recherchés de son savant directeur M. A. Béquet.

Fibules cruciformes. - On a donné la dénomination de cruciforme à une espèce de fibule dont la configuration imite plus ou moins fidèlement le symbole de la Rédemption ; il ne faut y voir aucune idée de christianisme. Selon les observations qui ont été faites, cet objet serait plus particulièrement propre à l’industrie anglo-saxonne, et dès lors sa présence dans les provinces méridionales de la France indiquerait une circonstance absolument rare et par là d’autant plus précieuse à relever.

« Les fibules cruciformes, -dit M. de Baye, - appartiennent à un type exclusivement propre à l’Angleterre, où il s’est propagé de manière à représenter une création anglo-saxonne, dont la première conception était venue de la Suède. Les comtés du centre de l’Angleterre forment l’aire géographique où ce genre de fibules s’est principalement localisé[1]

M. Hildebrand constate l’abondance de ces fibules dans la Suède et la Norwège, et leur rareté en Gothland et en Danemark. Elles paraissent avoir été portées particulièrement par les Angles.

Aucun spécimen de ces fibules n’a été rencontré dans le centre ni dans les régions orientales de l’Europe. Elles se cantonnent, selon M. de Baye[2], dans la Scandinavie et l’Angleterre, à l’exclusion des provinces méridionales.

Ces préliminaires rapides sur l’ensemble des découvertes de fibules cruciformes font, des deux broches que nous publions, des objets d’un réel intérêt.

La première, trouvée près de Castelnaudary, est allongée, aux bras courts et larges, et se termine par une grossière gravure de tête monstrueuse.

Les spécimens publiés par M. de Baye n’offrent rien d’absolument semblable ; mais nous avons remarqué dans ses cartons des dessins de fibules, trouvées dans divers comtés d’Angleterre, présentant une similitude étonnante avec notre bijou méridional.

La seconde, dont nous possédons seulement un croquis qui ne peut être contrôlé, provient du cimetière de Cenon ou vieux Poitiers (Vienne)[3]. Plus large, moins longue que la précédente, elle est couverte de petites hachures, restes d’un dessin actuellement très fruste et indéchiffrable.

Nous avons vainement recherché des exemples de comparaison ; il ne nous a

  1. J. de Baye, Industrie anglo-saxonne, p.41.
  2. Ibid., p.50.
  3. Bibliothèque de la ville de Poitiers. Manuscrit de Beauménil, 1750.