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la vie de bohême

Musette.

Votre oncle Million ?

Phémie.

Quel joli nom !

Schaunard.

Je voudrais bien avoir la monnaie de votre oncle.

Rodolphe.

Me marier, comprenez-vous ça ? emprisonner ma liberté dans un contrat, jeter mon cœur dans le pot-au-feu du ménage, couper les ailes de ma jeunesse ; tout cela uniquement pour procurer à mon oncle le plaisir d’avoir des petits-neveux !

Schaunard.

Parbleu ! s’il en veut qu’il en fasse lui-même.

Rodolphe.

Il y a longtemps déjà que je méditais une fuite ; mais tout seul je ne saurais où aller. Maintenant, c’est bien décidé, je veux mener comme vous, la belle vie de travail et de plaisir. J’ai bon cœur et grand courage, vous me verrez à l’œuvre ! Ainsi donc, si vous le permettez je serai d’abord votre compagnon, jusqu’au jour où vous voudrez bien m’appeler votre ami !

Marcel.

Mais vous l’êtes déjà !

Les deux dames.

Oui, monsieur, vous l’êtes !

Pendant la fin de ce monologue, Baptiste a apporté une nappe et disposé le déjeuner à terre.
Baptiste, au milieu.

Vous êtes servis.

Rodolphe.

Baptiste, tu pars avec nous… Tu es un garçon érudit, tu feras ton chemin.

Baptiste.

Quel honneur !