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acte ii, scene xii.

Marcel, l’œil à la cloison.

Diable ! elle a une robe bien montante, je ne vois pas même l’origine des épaules… il me faut des épaules !

Mimi.

Il fait bien chaud ici…

Elle ôte un petit fichu qui lui couvrait les épaules.
Marcel, avec un cri de joie.

Ah ! les ravissantes courbes !… (Il travaille.)

Mimi.

C’est drôle… quand je souffre comme tout-à-l’heure, ça me rend triste tout de suite… il me semble que je ne rirai plus jamais… et tout ce que j’ai de chagrins me revient là… mais quand la douleur est partie, comme en ce moment, je ne pense plus qu’à ce qui peut me rendre heureuse… je ne pense plus qu’à lui, et mes chansons me reviennent aux lèvres.

Air nouveau de M. J. Nargeot.

Réveillez vous, ma mie Jeannette,
Et mettez vos plus beaux habits,
C’est aujourd’hui le jour de fête,
Le jour de fête du pays !

Marcel.

Oh ! la jolie petite voix !… Mais elle est charmante ! adorable !… J’en suis amoureux fou !… Et j’admire des lignes, au lieu d’en tracer de brûlantes !… (Se levant et posant sa toile et son crayon sur la table.) Vite, quelque chose à quatre-vingt-dix degrés. Richelieu !… Une plume, de l’encre !… (Il court dans la chambre et aperçoit le bonnet.) Un bonnet !… (Prenant le bonnet.) est venu un bonnet chez moi !… c’est-à-dire, non, c’est moi qui suis venu chez le bonnet… Je me souviens, une pauvre fille qui ne payait pas… ce butor de maître d’hôtel m’a prévenu… (Remettant le bonnet sur la bouteille.) Oh ! c’est particulier !…