Page:Barrot - Mémoires posthumes, tome 1.djvu/26

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puis qu’il était entré dans la vie politique, il poursuivait avec une persévérance infatigable la réforme des institutions administratives et judiciaires de la France : « À quoi, disait-il, se réduirait la souveraineté d’une nation qui n’aurait conservé ni le droit de s’administrer, ni le droit de se juger ? Tout au plus au droit de changer de maître à volonté. Cette nation aurait beau inscrire dans toutes ses constitutions, graver sur tous ses monuments le principe de sa souveraineté, elle n’en posséderait que la formule ; elle en aurait aliéné les attributs les plus essentiels. »

Ce n’était pas chez M. Barrot une opinion de circonstance ; c’était une opinion profonde, fondamentale ; et le mariage du gouvernement parlementaire avec l’administration impériale lui paraissait quelque chose de monstrueux. Placer une tête libre sur un corps servile, c’était, à ses yeux, violer les lois de la nature, et créer un être hybride qui ne pouvait pas vivre. De là, surtout, venait l’échec de toutes les tentatives libérales que la France avait faites depuis 1789. Le premier devoir était donc d’en finir avec la centralisation et de rendre aux divers organes de la vie publique la liberté de leurs mouvements. C’est dans cet esprit que M. Odilon Barrot publia, en 1861, un volume intitulé « De la centralisation et de ses effets. » Il examinait dans cet écrit l’influence de la centralisation sur les rapports des classes de la société entre elles, sur la prospérité du pays, sur la stabilité des gouvernements, sur les institutions représentatives, et partout il prononçait contre elle une condam-