Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/104

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bifurquait. Après le château et la sapaie, la petite maison qu’il avait louée s’ouvrait à la lisière du bois comme un pavillon de garde-chasse, avec sa façade de chaux blanche, et dans un creux du mur un essaim de guêpes. Le rez-de-chaussée était frais, carrelé, on pouvait y travailler, y méditer comme en une cellule de moine. Un espalier de poires encadrait la fenêtre, jetait des pousses gourmandes sur les vitres. Aux alentours, des bois, des eaux légères, un éparpillement de verdures, les sentes bordées de fagots en coupe, le sable des lapinières, l’ombre bleue des pins aux rouges écorces, des cépées de houx.

Il se rappelait comme le frissonnement des feuilles le retenait aux heures chaudes de l’après-midi, couché le front dans l’herbe, et comme il aimait à vaguer parmi les sites bocagers, à s’asseoir au bord de la plaine versante, à laisser le flux de son cœur se mêler au sang des crépuscules.

Quand venait le soir, le val palpitait, s’emplissait d’ondulations, craquait comme un fruit mûr ; la terre chaude suait, béait, embaumait ; des effluves en montaient comme d’une gorge de