Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/120

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et de barbarie. Qu’en retiendra-t-on ? — Le goût de l’amour, de la révolte ou du néant : se disperser !

Un jour viendra où l’on regardera la foule comme pour s’y reconnaître ; on y perdra le sentiment douloureux de la personnalité ; on s’abandonnera au bain dissolvant de la vie collective pour vivre du peuple et de la ville immensément.

Ce boulevard où le cimetière Montmartre s’ouvre en pleine cité, comme un jardin sans rien d’attristant, offrait sa marge nette et son théâtre d’ombres aux imaginations sentimentales de Robert. Des illustrations coloriées y passaient, qui précisaient pour lui le sens des philosophies et des algèbres. En s’y asseyant avec Mariette, il y découvrait la beauté des bancs usés par trop de haltes et de fatigues anonymes ; en y côtoyant la détresse, la prostitution et l’ivrognerie, il y surprenait les secrets des métropoles, l’aimantation de la misère et les plus nobles ferveurs de la volupté souffrante.