Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/122

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— Comment vas-tu composer ton tableau ?

— Quand j’aurai trouvé mes angles expressifs, ça ira tout seul. On ne peut pas casser des ramasseuses de cailloux comme des glaneuses. La grève monte suivant une pente de trente degrés sur le plan d’horizon. La meilleure inclinaison sera sans doute de caler les jambes des femmes parallèlement à la ligne méridienne. Tu vois d’ici ces saillies des fesses maigres sous le cotillon.

— Des croupes de haridelles.

— Justement. Et, pour bien préciser l’analogie, j’ai au premier plan un cheval blanc au cuir pelé, les os perçant le cuir, une rosse tombée sur les genoux, les galets ruisselant de son bât trop chargé. On n’emploie pour ces charrois que des rebuts : des chevaux hors d’usage et des femmes hors sexe.

— Vieilles ?

— Vingt ans ou soixante : elles sont toutes pareilles sous la hotte, rongées par le sel et l’alcool, édentées, cliques. De Fécamp à Saint-Valéry, il faut voir ça.

— À quoi sert le galet qu’elles ramassent ?

— À des usages industriels. C’est du silex