Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/123

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presque pur avec des traces de manganèse. Il y a de grands navires de fer, des anglais et des allemands, qui viennent charger ces cailloux dans la belle saison. C’est le commerce du pays : les femmes y gagnent des sous et des courbatures.

— Et les hommes ?

Ils servent l’État ; ils sont à Terre-Neuve ; d’autres vont au hareng sur les bancs d’Écosse. Aux premiers froids, la côte, où villégiaturaient des Parisiens blagueurs et casinotiers, prend un autre aspect : les morutiers sont de retour ; le cidre et l’eau-de-vie coulent dans les caboulots ; c’est la ribote abrutissante et consolante. Au printemps, quand les hommes repartent, les femmes sont grosses.

— Je vois ton tableau : une humanité déchue, condamnée aux déprimants travaux, aux reproductions ; et par contraste la mer, le bel élément libre, stérile et dévorateur, tout le rêve et toute la mort.

— Si tu veux.

Brandal prépara sa palette, posa quelques touches divisées.

— Qu’est-ce que tu lis ?