Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/130

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— Quelle plaisanterie ! depuis trois semaines je couche chez Mariette.

— Un sinapisme.

— La volupté sans amour — n’est-ce pas votre théorie ?

— Oh, moi, je n’ai pas d’absolu ! Et j’avoue que dans l’occasion les raisons de Mlle Vignon m’ont ébranlé. J’ai compris le contraire de ce qu’elle disait.

— Seriez-vous épris d’elle ?

— Un peu, je l’avoue. Elle est si bien persuadée de la sottise sentimentale ; elle prétend d’une si belle franchise à une condition plus libre et plus sûre que celle d’épouse ou d’amoureuse, qu’on se sent pris d’une étrange tendresse pour cette femme nouvelle, qui sera peut-être la femme de l’avenir, et qu’on est tenté de l’aimer pour le mépris qu’elle a de l’amour.

— Lui avez-vous débité ces fadaises ?

— Je m’en suis bien gardé. Mais elle a pourtant vu que je l’estimais fort. Je me suis adressé à la pianiste et lui ai demandé de vouloir bien se faire entendre chez moi deux fois la semaine, aux concerts de thé. Elle a hésité