Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/138

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révolutionnaire.

— Voilà tout de même un état de guerre plus intéressant que les vieilles contestations géographiques, et qui satisfait à la fois notre instinct de lutte et notre éloigneraient du militarisme ; c’est le conflit des forces morales d’où la sensiblerie et le panache sont éliminés. Nous ne faisons plus appel aux sentiments généreux, car nous avons dû reconnaître que l’homme d’aujourd’hui est un être inexorable et lâche qu’on ne réduit que par la peur.

— Nos aînés ont encore des illusions à cet égard. Voyez le commandant Maréchal qui vient mêler sa voix et sa vieille barbe au débat qui nous passionne. Polytechnicien de la promotion des Considérant, il écrit au froid ingénieur de l’Élysée ; il lui envoie le quatrain autographe de Victor Hugo implorant la grâce de Barbes. « Vous ne voudrez pas, ajoute-t-il, qu’on puisse dire qu’en 1839 le roi des Français s’est montré clément, et qu’en 1894 le président de la République s’est montré impitoyable. »

— Cœur simple et suranné pour qui la république est un régime de pitié.

— Le préjugé s’explique : la foule ne veut