pas s’avouer à elle-même qu’elle est stupide et cruelle.
— Mais si vous attaquez aussi la foule, dit Brandal, il n’y aura plus rien.
— Hum ! Il restera bien encore assez de sottise pour suffire à l’existence commune.
— Je vois, dit Meyrargues, que notre camarade voudrait rendre la foule responsable, ce qui implique chez lui le haut souci de la moraliser. Mais l’essence de nos démocraties, c’est à vrai dire l’irresponsabilité. Sur ce point encore je suis d’accord avec lui : le dogme de l’irresponsabilité qui se présente sous couleur scientifique doit être rejeté.
— Qui donc est responsable ?
— Pas même l’individu, diriez-vous, Brandal… Quelle inconséquence ! La liberté implique la responsabilité. On peut à ce sujet jouer sur les mots très libéralement, mais il importe de ne point se piper soi-même au jeu. Écoutez les journaux constitutionnels, vous verrez qu’ils entendent la plaisanterie aussi bien que nous.
Et Meyrargues cita gravement ces trois lignes du Temps :