Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/142

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tragique resté en moi depuis l’enfance. C’était après la déclaration de guerre, en 70, quand les lanciers passaient au galop et quand les canons et les prolonges secouaient les pavés de la calme petite ville où j’étais élevé. Une aurore boréale incendia le ciel, vers les neuf heures. Les bourgeois sortirent de leurs maisons et vinrent se grouper sur la place d’Armes comme un troupeau peureux ; moi, je montais à la fenêtre d’un grenier d’où ma vue s’étendait au loin sur la campagne. Le firmament d’été brûlait comme du reflet de mille meules en flammes ; et j’entendais monter les lamentations du peuple et des femmes : « C’est signe de sang ! signe de sang… Jésus ! »


Brandal remontait, rapportant les éditions spéciales. Vaillant était bien mort, avec crânerie, avec orgueil, en espérant, dans un grand cri.

Ils lisaient les comptes rendus et se jetaient des détails.

— Et maintenant ?… demanda Brandal.

— Maintenant nous lui ferons des funérailles.