Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/159

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raisons j’obéis. Robert, je ne veux être la femme de personne ; je ne veux pas appartenir à un autre être. Ayons tous les deux le courage de notre orgueil, et ne nous amoindrissons pas dans une union où nous n’apporterions, ni vous ni moi, l’inconscience nécessaire à l’égoïsme à deux.

— Votre main d’amie ?

Elle lui tendit sa main aux longs doigts pâles qu’il baisa les yeux fermés ; puis il reprit sa cape de drap posée sur le piano. Les longues cordes frôlées vibrèrent mystérieusement comme les fibres d’un cœur ému. Le portrait de Richard Wagner leur souriait plus sardonique.

— Et maintenant, adieu ! Vous m’avez rendu à moi-même. Excusez ma démarche, ce moment de faiblesse qui m’a conduit ici. J’étais lâche.

— Qu’allez-vous faire ?

— J’obéis à ma destinée. J’ai besoin de m’oublier. Vous seule auriez pu m’attacher à la vie quotidienne. Ne me demandez rien de plus.

Laure n’eut pas le courage de le railler ni