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AVEC LE FEU

CHAPITRE PREMIER

C’était un égoïste qui ne s’occupait que des autres.
CHATEAUBRIAND.


Le 5 janvier 1894, les couloirs du Palais étaient mal fréquentés. On y croisait seulement des gardiens à tricorne, philosophes hermétiques, des magistrats boutonnés à la lèvre molle, des avoués à serviettes soufflées de procédures, des agents de police et des gens de loi, des sans-asile, des modistes égarées et quelques rhéteurs suffisants dont les pantalons à la crotte dépassaient la robe cléricale.

Près des bouches de chaleur, des faces louches s’effaçaient. Une tristesse monastique tombait des murailles de pierre blanche lourdes et froides comme l’idée de justice. À des étages, dans des prétoires peu solennels malgré l’appareil de rigueur, s’étalaient des histoires cocasses