Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/174

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des charbonnages de Fuveau lui assuraient un revenu de vingt-cinq mille francs environ : pas la richesse mais l’indépendance, hors ce qu’il croyait devoir de lui-même à ceux qui lui valaient sa fraîcheur d’esprit comme un beau fruit de leur misère nourricière.

Combien faut-il de serviteurs obscurs pour expliquer la position d’un homme libre ? Il y avait souvent pensé sans fausse pitié et sans ironie. Dans chaque pauvre il respectait un créancier, mais ne se croyait pas le droit d’insister : il avait trop de tact pour témoigner au malheur une compassion ostensible.

Robert et quelques autres révoltés de tempérament, dont il faisait sa société choisie, lui étaient sympathiques à cause de leur dégoût des conditions moyennes du bonheur et pour l’impatiente énergie qui les dressait contre le consentement ou la résignation des masses.

Dangereux camarade malgré son affabilité, il avait la manie de voir ses amis en beau. Il n’était point d’être si mal venu qu’il ne pût ingénieusement redresser ; à tous il savait trouver du talent ou du caractère ; sculpteur ou médecin, il était très vital pour ceux qu’il