Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/175

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aimait — et se trompait rarement. À la vérité, lorsqu’il combattait les préjugés traînants, c’était lui-même qu’il éduquait ; frondeur ou destructeur, il n’exerçait que ses facultés de critique, plus simplement même son sens mondain du dénigrement. C’est qu’il ne croyait pas à une humanité progressive en bloc et par surprise. Toute généralisation l’ennuyait. Il niait même le règne des idées. Un certain vernis de politesse et de corruption lui semblait le seul bénéfice de la civilisation — mais il n’en faisait pas fi.

Sans enflure et sans affectation, d’humeur conciliante, ses aphorismes d’une ingénuité savante attestaient le velouté de sa nature assez piquante au rebours.

Dans ses meilleurs moments, il souffrait de ce qu’est l’homme, et vite se résignait aux passions, aux faiblesses, aux hypocrisies, aux convenances, mais pas dupe du jeu et toujours beau joueur en toute aventure.

On ne peut dire qu’il fût sympathique à beaucoup de gens en dépit de son grand air bêta assez royal.