Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/19

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son jargon, ses bancs et son chapitre, son ambitieuse fumée, ses oratoires.

La Justice en petite tenue ne chômait donc pas ce jour-là, bien que ce fût la veille des Rois ; cependant la grande nef des assises restait vacante. La cérémonie annoncée ayant été remise à une autre date, le gros des fidèles s’était dispersé vers d’autres attractions.

Le soir venait, morne et frileux sous ces voûtes d’histoire, tissant son deuil discret de toutes les espérances quotidiennes et des spleens fondus aux brouillards riverains.


Meyrargues, sensible à ces impressions d’année nouvelle, traversa d’assez méchante humeur la galerie de Harlay, descendit l’escalier de la place Dauphine. Un coupé luisant s’avançait au trot bien troussé de son cheval rouan et s’arrêta devant la grille ; une frimousse mousseuse se montra, la vitre baissée. Meyrargues reconnut la petite baronne de Toufou rencontrée la veille à l’exposition de Renoir. Il la salua profondément et goûta l’ingénuité de son sourire myope. Penchée à la portière, elle parlait au gardien de planton et, déçue, hésitait sur la