Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Robert restait seul

Quand après cinq jours de sauvagerie, le samedi, il s’était présenté chez les Vignon, il cherchait un point d’appui en dehors de sa conscience ; c’était dans un moment de lucide effroi, comme un appel à la vertu du dernier talisman.

Après l’entrevue, il s’était assis sur un banc du boulevard de Clichy, honteux et innocent ; il s’était dorloté de paroles en suivant des yeux les allures des prostituées écœurantes, silhouettées dans les clartés obliques du gaz.


Ce soir de février était doux, d’une douceur trop précoce, attendrissante, propice à la contrition. Une sorte de cabotin papelard était venu s’asseoir à côté de lui, cherchant à lier conversation. Robert s’était écarté. Comme le frôleur se rapprochait, il l’avait poussé rudement et l’avait fait choir, son chapeau de haute forme roulant sur la chaussée. Le type était parti, après un reproche de ses yeux ternes au méprisant ; il était parti sans mot dire, humilié,