Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/195

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non corrigé, possédé lui aussi, lissant d’une main molle la soie de son chapeau.

Et Robert s’était dit :

— Oui, je suis un pauvre petit garçon, efféminé, délicat ; j’ai une figure de fille — ça se voit —, je ne ferais pas de mal à une mouche… vraiment je serais incapable d’enfoncer une épingle dans le ventre gonflé d’une mouche… Je suis un pessimiste paresseux, je ne suis pas un justicier. Comment ai-je pu penser que j’aurais la force de lancer ma haine enflammée sur la foule ? Et pourquoi, pourquoi le ferais-je ?… Pour la réveiller, pour l’humilier, lui faire honte, me détacher d’elle brusquement, me garder de son contact veule et salissant… pour la traiter comme j’ai traité ce philosophe du trottoir ? Hélas ! comme il m’a regardé !


Robert était rentré chez lui, et en toute humilité il avait lu du Dostoïevski.

Le lendemain, Meyrargues était venu le prendre et l’avait mené à la tombe de Vaillant. Il en était revenu décidé, rentré en grâce et ne s’était accordé qu’un délai : le temps d’écrire