Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/222

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Il jeta ses vêtements par la chambre et se coucha, écœuré, la tête lourde, la gorge sèche. Il lui semblait que son lit se perdait sous lui, s’enfonçait. C’était l’heure du remords et des maux d’estomac. Succombant au dégoût passager de lui-même, il s’ensevelissait dans ses draps tirés jusqu’au menton, se dissolvait dans les plumes, devenait une chose vague, éparse, dissociée. Il s’endormit enfin, sans volonté, sans force, lourdement, comme on meurt.


Au réveil, une transformation s’était opérée en lui : frileux de cœur et de pensée, une sensibilité convalescente irritait son épidémie ; il se sentait las et clairvoyant, peu disposé à l’indulgence.

Il se fit allumer du feu, s’enveloppa dans sa robe de chambre et s’assit, les tibias nus, au coin de la cheminée, sans se soucier du déjeuner que le valet de chambre venait de poser sur le guéridon de laque. Il se regardait, pâle, défait, la peau terreuse et fripée, dans la grande glace, et retombait plus seul à la méditation des bûches sifflantes. Souffrant d’un besoin d’être plaint, il se revoyait, bizarrement, dans un décor de soleil,