Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/223

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d’arbustes fleuris et de flots miroitants en cassures d’indigo, promeneur dolent au jardin de Cimiez, dans la montagne de Nice ; il récupérait par la pensée son attendrissement de jadis devant un couple de singes affectueux, qui dorlotaient dans leurs bras velus un pauvre petit quadrumane phtisique aux oreilles décollées, au museau de noisette ridée : le fond de la tendresse humaine.

Dans cet état d’abandon, de lassitude et de sincérité, Meyrargues dut s’avouer crûment qu’il aimait Laure Vignon d’une passion tenace et patiente que rien ne rebuterait. Ses idées flottantes se cristallisèrent ; il entrevit dans cet amour un but très lointain, mais désirable par-dessus toutes choses.

Mollement il décacheta son courrier, écarta un mot de Robert qui lui parut incompréhensible, et s’arrêta à une invitation à dîner, pour le soir même, chez les Vignon.

Certainement, pensait-il, un peu de musique me ferait du bien ; mais non, je m’excuserai. Pas ce soir.

Il se fit apporter des cartes télégrammes.

Un dernier pli traînait sur le plateau.