Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/23

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homme. Et puis j’ai toujours pensé que la police secrète avait des opinions avancées ; c’est de tradition : voyez Fouché et sa légion ; aujourd’hui encore ils lisent tous L’Intransigeant et les journaux radicaux ; les « sergots », au contraire, professent au repos des opinions modérées.

— Je ne puis pas comprendre qu’il y ait des êtres assez vils pour faire ce métier-là.

— Enfin il y en a. Celui-ci n’a pas du tout conscience d’être un sale monsieur.

— Il moucharde par devoir ?

— Non, avec innocence. Il a des sentiments honnêtes. Le matin du premier de l’an il m’a demandé la permission de la journée pour faire ses visites et passer la soirée en famille : « Dites-moi seulement où vous irez déjeuner et à quelle heure vous rentrerez, m’a-t-il dit, afin que je puisse faire mon rapport. » J’ai trouvé cela très amusant. Ce jour-là, c’est moi qui me suis suivi.

Robert affecta de sourire, mais il n’approuvait pas Meyrargues de prendre ces choses-là sur un ton dédaigneux. Il l’estimait pour son scepticisme touchant les dogmes acceptés et