Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— J’ai reçu une lettre de lui ce matin, une lettre d’hier soir… rien de grave.

Elle respira.

À vrai dire, elle ne savait rien des intentions précises de Robert ; mais elle le sentait acharné à son propre malheur, épris de sa destruction ; et cela l’inquiétait d’autant qu’elle s’attribuait une influence sur lui.

Elle en venait à regretter d’avoir été si franche et si dure, si peu secourable à l’enfant qui l’implorait.

De son côté, Meyrargues ignorait la folle démarche de Robert près de la jeune fille. Il n’avait pas été question de cela dans leur promenade au cimetière. Les réflexions échangées chez Brandal, la susceptibilité de Robert et l’attitude de Laure étaient ses seuls indices. Averti cependant par son instinct, il avait observé une réserve prudente ; et quand il crut avoir surpris le secret de la musicienne, il éprouva une joie arrière à noter les battements plus vifs de son cœur qu’il croyait froid. Alors il ne manqua point de flatter, quoi qu’il lui en coûtât, la préférence naïve qui la portait vers l’absent. Il