Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/243

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aux iris profonds reflétaient d’obscurs lointains, et des silences graves coupaient ses effusions. Certaines paroles gênées de Meyrargues en réponse à des questions précises lui avaient laissé deviner le péril où se trouvait Robert et les vraies causes de son absence. Elle y pensait. D’autre part, Meyrargues ne jouissait pas complètement du bonheur qu’il avait apporté. Il voyait quels nuages passaient sur le front de la jeune fille et l’explication qu’il s’en donnait n’était pas sans le mortifier.

Pouvaient-ils s’expliquer nettement ? Quelles paroles eussent accordé ces deux êtres d’élite ? Un tiers était entre eux ; une peur enveloppante, faite de tout le mystère du dehors, les isolait.

Ils avaient beau s’absorber dans la paix du foyer, quand leurs regards, échappant à l’attrait des visages familiers où tout est lucide, s’égaraient sur la vitre noire, ils sentaient que l’énigme était là, derrière le mur de la nuit, dans la profondeur de Paris d’où montait une rumeur de fiacres et de foule, sourde et puissante comme une respiration de marée.