Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Robert prit la chose au sérieux, écarta d’un geste ennuyé la main douce de Mariette, et déclara avec dépit qu’il n’avait besoin d’aucune surveillance, d’aucune protection. Il en profita pour ridiculiser les terre-neuve et pour critiquer certaine manière insupportable d’entendre l’amitié, certaine façon fatigante de manifester l’amour…

— Est-il méchant ! dit Mariette sans se fâcher ; encore un mot de plus, il m’appelait crampon… Mon ami a ce soir une humeur de chien.

— C’est ta faute.

— Je sais, je sais.

Et, plus sérieuse, elle ajouta, lui parlant à voix basse, lui chauffant la joue de son souffle, lui effleurant l’oreille de ses lèvres bonnes :

— Je suis venue te disputer à l’autre.

— À qui donc ? dit Robert en sursautant.

— Oh ! pas à celle que tu crois, mais à une autre plus dangereuse… à ta gueuse, à celle qui veut ta mort, à celle qui n’existe pas.

— On fait ce qui te plaît, dit Robert tristement. Que veux-tu de plus ?

— Tu le fais à contrecœur ; au fond tu m’en veux ; je le sens : vous m’en voulez tous