Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/255

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les vitres, les lampes électriques jetaient au passage de brusques lumières  ; Robert, Mariette et Brandal se voyaient alors un peu pâles, les yeux profonds, comme fardés.

Brandal, assez fier de ce qu’il avait fait, se reposait, sentenciait. Il gardait une haute idée de lui-même  ; mais, pour un temps, la valise qu’il portait sur ses genoux lui tenait lieu de conscience. Une seule chose l’inquiétait  : il ne pensait plus à son tableau et regrettait de s’être lancé dans des complications trop absorbantes.

Mariette rompait les silences oppressés, s’agitait un peu vainement, tenait sa place, lissait ses plumes, emplissait le fiacre de son parfum de tendresse mêlé à des senteurs d’azote et d’essence de mirbane. Robert admirait qu’elle pût, dans ces moments nerveux, laisser toute extravagance, devenir une petite femme de tête assez souple et judicieuse pour tenir son rôle.

En réponse aux théories sévères de Brandal, elle s’affirma avec innocence.

—  Je ne crois pas à votre monde meilleur. Les hommes seront toujours pareils —  et les femmes aussi. Il faudra toujours faire ménage