Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/258

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on voyait des vapeurs aux naseaux des chevaux.

—  Garons-nous, voilà le Progrès, dit Mariette.

Le lourd véhicule passa au ras du trottoir en les éclaboussant.

—  Si nous remontions aux Batignolles, risqua Robert. Il est encore temps.

—  Oui, va-t-en, on se passera de toi.

—  Trop tard, c’est complet.


L’heure était froide  ; un vent piquant, fouettant la pluie, inclinait vers l’eau la ramure grêle des grands arbres de la berge. Sous les arches d’ombre, le fleuve noir miroitait, s’élargissait, s’égayait de l’illumination nocturne  ; des flammes colorées, festivales, brillaient sur les ponts et au long des quais, à l’infini, trouant le ciel d’encre et jouant dans l’eau triste qu’elles vrillaient de reflets dorés et rouges, en rubans tortillés comme des serpentins.

Ils attendaient encore au bord du trottoir, voyageurs indécis.

Le Louvre se dressait devant eux, masse ornementale