Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/276

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qu’il conduisait la plus haute opinion de leurs talents personnels. On prévoyait pourtant que son autorité deviendrait assez cassante et qu’il ne se laisserait pas mener par le Comité. Les vrais musiciens et les routiers de l’orchestre, habitués aux humeurs des chefs, ne trouvaient pas qu’il fût trop exigeant. Lamoureux les avait rompus à d’autres brusqueries, Colonne à d’autres caprices.

—  Vous aviez le bras sec à la réunion d’hier, dit Meyrargues. Trois fois vous avez arrêté l’orchestre pour des riens. Je crains que nos gentilshommes ne soient bientôt rebutés.

—  J’espère que vous ne m’avez pas associé à eux pour écorcher Beethoven.

—  C’est votre peau que vous défendez, cher maître.

—  Ne parlons pas de ça. Plus tard, nous verrons. Vos chanteuses ne me plaisent pas  : elles demandent des transpositions, des facilités, des broderies. Leurs professeurs voudraient travailler à ma musique. Et puis notre petite bande n’est pas encore assez solide  : nous irions à des catastrophes. Je m’en tiens à mon rôle de batteur de mesure.