Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/28

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vaudra mieux, croyez-moi, qu’une cafetière de poudre verte. Vaillant condamné à mort sans avoir tué ni blessé personne — car l’abbé Lemire n’a pas même été touché d’un vrai clou, à peine d’un furoncle — passerait d’emblée au rang de martyr ; et si, poussant trop loin le respect qu’il doit au Parlement, l’Exécutif décidait que cette farce finira en rouge sur la place de la Roquette, j’y verrais volontiers le premier point d’une série historique… Mais les choses n’ont pas cette logique. » En attendant Vaillant n’est pas condamné ; le justicier manqué n’est pas encore une victime — heu ! sa position est fausse… Le peuple ne s’intéressera vraiment à lui que du jour où les douze quincailliers du prétoire lui auront fourni une auréole authentique.

— Ils ne seront pas si simples.

— Mon cher, ils sont électeurs français, républicains et peureux : on leur fera croire aisément que Vaillant a touché à la République.

— Et votre ami Lecomte, le député, que pense-t-il de tout cela ? On dit qu’autrefois…

— Lecomte ? il a la frousse !