Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/336

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Un soir, il prit le train pour Monte-Carlo. Il revit les jardins étages, les hôtels clairs, les restaurants brillants et la maison du Hasard. Il se retrouva parmi la foule des rastas et des princes authentiques. Dans le coudoiement du dernier tournant, dans l’enivrement du grand tourbillon, aux accords d’une marche wagnérienne, amplifiés par les cuivres de l’orchestre, il s’éleva à l’indifférence suprême, à la parfaite lumière.

Comme il se sentait souple et dispos, éternel, bienveillant envers tout et tous ! Quelle aisance de mouvements il apportait dans ces salons fatals ! D’ailleurs, là comme dans la vie, tout n’était que jeu, ironie du sort, déraison, caprices, négation du vouloir et des mérites, chances et sourires. Les barrières tombaient, les conditions sociales s’effaçaient devant la petite machine tournante. Et cela balançait la rotation du monde.


Dans la même soirée, il fut riche et pauvre sans émotion, riche encore sans vanité ; il sentit ses doublures se gonfler et se dégonfler d’or et de papiers froufroutants, il nargua