Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/337

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la fortune qui lui fut favorable, étonna la galerie par son audace. On pointait ses coups, on suivait son jeu ; les croupiers attendaient ses mises et voyaient se défaire leurs rouleaux et leurs liasses. Il semblait avoir un secret pour commander au hasard — la vraie combinaison. On l’admirait comme un jeune dieu. Des femmes se frôlaient à lui, lui souriaient de toute leur chair ; et des monnaies qu’il leur abandonnait des bas de soie se remplirent.

Il sortit à onze heures sur la promesse des croupiers, adressée à lui comme une flatterie, que le jeu recommencerait le lendemain.

Il ne se souciait pas d’y participer.

Après la cohue du vestiaire, dans la caresse des martres, des chinchillas, des renards bleus, des velours et des peluches, parmi des regards complaisants et des lumières de parures, il se mêla une dernière fois à la foule soyeuse et nuancée de l’atrium, alluma une cigarette et s’éloigna.


Le sable des allées criait sous ses pas, des eaux murmuraient parmi les massifs, la nuit était douce, ambrée, pleine d’une poussière de lune. Il s’égara voluptueusement dans les jardins.