Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/340

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sa marche, vaguement inquiet à cause de la mer qui grondait et riait sous la roche creuse.

— Oui, le Bon chien ! viens là !… là… partons ! Nous ne les verrons plus, les masques méchants… nous allons dormir, quitter la vieille terre… hein ! veux-tu ?…

Et le chien jappait, excité, camarade.

Alors il le prit dans ses bras, le serra sur la chaleur de son cœur, comme s’il étreignait toute la souffrance vivante.

— Toi aussi, toi ! chair aimante et blessée, tu finiras par devenir toi-même !

D’un dernier regard il inscrivit en son âme l’horizon lunaire, la profondeur mariée du ciel et de la mer, aspira d’un souffle d’ascension la douceur du printemps sensuel comme une bouffée de cassolettes, et prenant son élan, d’un mouvement hardi, il plongea.

Toutes les sirènes de la mer chantaient avec les brises retenues dans les orangers en fleurs, un parfum nuptial montait de la terre, et des éclats d’astres brisés fusaient dans la nuit d’amour.