Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/339

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noctambules, escomptant d’un œil furtif un attendrissement ou un oubli. Il le flatta. La bête frissonnante s’aplatissait, se traînait, poussait des gémissements heureux, se pelotonnait dans la poussière, avec la joie craintive de sa déchéance accueillie, caressée encore. Après les coups, les plaies, l’animal croyait encore à la pitié. Robert le tint longtemps blotti dans ses genoux avec une tendresse infinie. Des larmes profondes mouillaient ses yeux : il se pleurait au contact de cette chair blessée. Il brossait le poil du chien, le peignait de ses doigts compatissants, le choyait comme font les vieilles filles, essuyait ses yeux chassieux à la soie des billets de banque :

— Le bon toutou, le bichon qui a chaud à son museau, à sa petite truffe, il est fatigué le bon chien… viens, viens, nous deux !

Il se leva, résolu, et le chien le suivit. Il l’entraînait, lui parlait, se baissait encore pour le caresser ; et la bête confiante se roulait sur le dos, grognait de plaisir, se frottait au cuir des souliers, éternuait le nez dans ses pattes, offrait son ventre tiède à la main amie.

Robert se rapprocha du bord. Le chien gênait