Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/41

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— Ils sont une douzaine à Paris qui savent que je suis quelqu’un : ça me suffit. Quand je tiens mon vieil orgue à Saint-Pierre de Montmartre…

— Ah ! vous êtes le père… pardon !… monsieur Vignon.

— Oui. Je n’ai pas besoin de me faire un nom. On me connaît. Les dimanches on vient m’écouter. Ils grimpent là-haut ; je leur coupe les jambes. Ils y sont venus tous, les Widor, Fauré, Saint-Saëns, Godard, Charpentier, Alexandre Georges, la coterie du Conservatoire, l’École française et la petite bande de César Franck. On m’apprécie ; je vivote sans ennemis, sans déboires. On croit que je laisserai une œuvre ; je ne laisserai rien. Les acclamations posthumes ne me tentent pas ; je ne veux pas être dupe et rendre en béatitudes à un public gobeur ou féroce les amertumes qu’il m’aurait versées. J’ai vu tant de faux jugements, tant de fausses gloires, qu’il ne me plaît pas de passer au concours. Je ne suis pas joueur.

— Je ne vous connais pas assez pour affirmer que vous êtes un criminel, dit Robert