Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rien ne manque, depuis le petit soldat, fusil au bras, jusqu’à l’élégant trousseau de la gentille poupée.

Si vous voyiez chaque jour, comme je le vois, le nombre d’enfants qui, le nez collé sur la vitrine, examinent avec avidité ces merveilles si cruellement, ce semble, exposées devant eux, vous n’auriez pas envie de sourire, je vous assure, de leurs petites mines chagrines et toutes chiffonnées.

Ils sont là, à double rang souvent, repaissant leurs yeux de toutes ces belles choses qu’ils osent à peine rêver de posséder. Pourtant, le plus minime de ces jouets, ce polichinelle de cinq sous, les rendrait si heureux !

C’est alors, quand les bonheurs se vendent à si bon marché, qu’on regrette de ne pouvoir puiser largement dans une bourse bien garnie.

Il y a aussi des enfants à l’intérieur, mais ils sont accompagnés de leur riche maman et viennent choisir leurs cadeaux.

Dans un de ces magasins où j’entrai la semaine dernière pour acheter, moi aussi, de modestes étrennes, une troupe de marmots bouleversait, remuait partout, très excitée. Un garçonnet entre autres, de sept à huit ans, furetait sur toutes les tables pour choisir lui-même ses étrennes.

D’abord, il aurait voulu tout avoir, ceci, cela, encore cette autre chose. À la fin, il se fixa sur une chèvre d’immenses proportions et dont le mécanisme ingénieux en haussait la valeur jusqu’à soixante dollars.

Naturellement, la mère, ayant encore une foule d’emplettes à faire, hésitait avant d’acheter un objet aussi dispendieux ; l’enfant suppliait sa maman, elle-même très ennuyée et bien embarrassée.

Presque tous ces petits bonshommes et ces petites bonnes femmes ont dû sortir, ou lassés, ou mécontents, ou désappointés.