Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À tout le monde je raconterai l’anecdote suivante :

On dit que Louis XIV, un jour, s’accusait à son confesseur d’avoir manqué au jeûne.

Celui-ci lui répondit :

— Mangez un bœuf et ne péchez plus.


Lundi, 27 février.

— Qu’est-ce que l’on fera bien, se sont demandé les dames montréalaises, pour s’amuser tranquillement pendant le Carême ?

La réponse était toute trouvée. On bluffera. Les cartes, on le dirait, semblent avoir été inventées tout exprès pour ce temps ; c’est un jeu peu bruyant et très agréable pour les personnes qui s’y adonnent.

Et, ce n’est pas le petit nombre en notre bonne ville.

Il n’y a presque pas de soirées où il ne s’organise une table de jeu en un coin du salon ou dans quelque boudoir. On m’a même assuré que certaines dames promenaient toujours dans leur poche un paquet de cartes, et que telles autres s’ennuyaient à mourir dans les parties de plaisir où le bluff n’était pas invité.

Ces racontars peuvent être des calomnies pures et gratuites, aussi je vous prie bien de faire comme moi, de n’en rien croire.

Heureusement, cependant, que tout le monde n’est pas du même goût, et qu’il y a des personnes qui peuvent subsister sans les cartes.

Et, à celles-là, il reste toujours, même en temps de carême, le plus agréable, le plus doux des délassements : celui d’entendre de la belle et bonne musique. Car, entendons-nous. il y a musique et musique.

Je ne veux pas dire ici une accumulation de sons variés, une puissance d’exécution, un mécanisme ingénieux du doigté qui frappe l’oreille et l’éblouit, mais quelque chose de senti, de pensé, qui non ne aux notes la couleur et la signification du langage parlé.