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quelques cœurs d’avoir a employer des mots désobligeants et encore plus d’exposer une pauvre ouvrière à perdre son emploi, et, l’on s’en va sans rien dire, mais en secouant la poussière de ses souliers.

Les Anglais, sont, en général, plus indépendants : ils offrent leurs marchandises et, à votre aise, achetez ou n’achetez pas. C’est le meilleur système.

Naturellement, toute règle a ses exceptions, je pourrais nommer plusieurs endroits, ou la clientèle est servie avec tous les égards possibles. Cependant, il n’y a pas encore assez de justes pour sauver Sodôme.


Lundi, 24 avril.

C’est le temps et le moment des encans !

Pas une rue ou ne pende à quelque maison le drapeau sinistre, où les gens n’entrent et les meubles ne sortent pêle-mêle, dans un désordre horrible. On dirait déjà une maison abandonnée, où les malheurs, la mort même auraient dispersé les habitants.

Mais il n’en est point ainsi ; c’est de gaieté de cœur souvent qu’on ordonne ainsi la dispersion de tous ces objets, parce que le mobilier est un peu démodé, défraîchi pour faire place à de nouveaux venus plus coquets, plus pimpants.

Et les grands fauteuils, silencieux témoins de scènes intimes, les porcelaines fêlées, la vieille horloge qui a marqué tant d’heures heureuses, sur laquelle, chronomètre impartial et vigilant, tant de fois les yeux se sont fixés aux moments d’attente anxieuse, tous gisent, là, désolés, dépouillés de tous les ornements dont on les paraît jadis, n’attendant plus que l’instant fatal de la séparation.

Où iront-ils ? quel sort l’avenir leur tient-il en réserve ?

Déjà des figures curieuses et indifférentes commencent à passer ; des mains sacrilèges palpent les doublures, soupèsent les bronzes, retournent les tableaux.