Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/147

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qu’un que je ne pouvais voir, et un doigt se tendit vers le lieu même de la conflagration, tandis qu’une voix me disait :

— Regarde !

Et je vis, au milieu de ce brasier ardent, une petite lumière qui tranchait, par son ton plus intense et plus vif, sur les flammes qui l’entouraient. Elle brûlait immobile et sans vaciller, se dégageant pure et sans alliage du foyer incandescent qui l’environnait.

Ce phénomène merveilleux dura jusqu’à ce que les flammes de l’incendie s’éteignissent complètement. Seule, la petite lumière continua de briller dans l’espace, et dans les ténèbres qui enveloppaient maintenant le théâtre du sinistre, elle semblait un pâle rayon de clarté céleste échappé au nimbe d’une vierge.

Curieuse, je cherchais dans mon esprit l’explication de ce phénomène quand la même voix que j’avais entendue me dit encore :

— Est-il possible que tu aies déjà oublié ? C’est la petite lampe qui ne s’éteint jamais

Et je m’éveillai.

Non, je ne t’ai point oublié, ô douce lumière qui a rayonné sur mes jeunes ans. Si les années et les vicissitudes ont parfois obscurci ta pâle clarté, tu es demeurée cachée et non éteinte, tels, ces flambeaux que portaient dans les catacombes les premiers chrétiens.

J’ai souvenance d’avoir lu, dans l’heureux temps où l’on croit aux contes merveilleux, la touchante histoire de Madeleine de Repentigny dont les vieilles annales des Ursulines conservent encore le nom.

C’était en 1717.

Un jeune sauvage appartenant à la grande tribu iroquoise, dans une rixe avec un Français qui avait insulté sa sœur Fleur du Printemps, avait tué son adversaire.

Le jeune Indien, qu’on avait baptisé sous le nom de Paul, était, selon l’histoire, un des types les plus beaux de la race guerrière : grand, bien fait, intelligent, il avait