Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/148

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été adopté et élevé par un éminent ecclésiastique de ce temps, lequel, destinant son protégé à la prêtrise, lui avait donné toute la science nécessaire.

Mais le sang des vaillants chefs, ses pères, coulait trop bouillant dans les veines de Paul, et quand il eut atteint l’âge de majorité, il alla rejoindre son peuple.

Or, le jeune Iroquois avait quelque temps auparavant sauvé des eaux Madeleine de Repentigny. À la vive reconnaissance de celle-ci se mêla bientôt un sentiment plus tendre qui changea toute la vie de Madeleine.

Paul n’avait jamais paru s’apercevoir de la préférence marquée que la jeune fille avait pour lui. Fier et hautain, il se retranchait derrière un masque de froideur impénétrable.

Les Français et les Iroquois étaient alors en paix et ceux-ci avaient souvent accès dans le fort ; ce fut dans une de ces visites que s’éleva la querelle sanglante dont on a déjà parlé. Paul fut arrêté et jeté en prison.

L’amour rend ingénieux. Madeleine de Repentigny parvint à tromper la surveillance des gardiens et lui fit parvenir, dans un petit pain, une lime et le plan d’évasion qu’elle avait conçu pour lui.

Mais quand, par une nuit profonde, Paul tenta de s’échapper de sa prison en se laissant glisser le long du mur, la sentinelle crut entendre un léger bruit et déchargea immédiatement son arme dans cette direction.

La balle, hélas ! atteignit en pleine poitrine le fugitif qui tomba dans les bras de mademoiselle de Repentigny, postée au bas de la tour avec sa vieille nourrice et un serviteur dévoué.

On s’empressa autour de Paul, mais la blessure était mortelle. Il ouvrit les yeux, et, apercevant Madeleine tout en pleurs qui se penchait vers lui, il porta la main à son cœur et mourut en disant :

— Je l’aimais, pourtant.

Quelques mois plus tard, Madeleine de Repentigny entrait aux Ursulines pour s’y faire religieuse.