Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/162

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nir les feuilles, que des rayons plus ternes glissent sur les gazons pâlis, que les petits oiseaux gazouillent leurs derniers chants avant de s’envoler, nous allons, vous et moi, faire revivre par le souvenir, — cet ami des heures sombres, — le bon temps qui n’est plus.

Qu’ils sont beaux les jours d’été !

Qu’ils sont beaux surtout à la campagne, « loin de tout, près de la Terre, de la bonne, saine et verte terre » comme l’exprime si bien ce génie malheureux qui fut Guy de Maupassant.

Ces mots du célèbre romancier me sont revenus à la mémoire, quand, à mon premier réveil, après avoir laissé Montréal, je vis, de ma fenêtre ouverte, s’épandre devant moi la magnifique et grandiose panorama que présente la Malbaie.

Je n’ai qu’à fermer les yeux pour ressusciter cette scène.

Imaginez d’abord, retirée de tout bruit, une de ces spacieuses et longues maisons de campagne comme on en bâtissait autrefois ; une large véranda ombragée de grands saules, un jeu de croquet et des plates-bandes bien entretenues où fleurissent les fleurs les plus belles, puis, à quelques pas, au bas de la riante colline où est située l’habitation, la rivière Malbaie roulant ses ondes noires et profondes après l’orage.

Une longue avenue, bordée d’arbres, monte jusqu’à la villa, pittoresquement appelée : « Sur le Côteau, » et, de tous ses côtés, s’étendent des champs, des monticules, des monts s’élançant dans les nues, des ravins, des vallées, formant l’horizon le plus fantastique et le plus bizarre qu’on puisse imaginer.

De ! la fenêtre de ma chambre, si jolie et si largement aérée, je contemplais ce spectacle en humant avec délices l’air matinal.

Quelle fraîcheur après l’air chaud et étouffant de la ville ! quels changements dans les décors !

Au milieu de cette nature si sauvage et si belle, dans