Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/188

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répondre s’il survient un appel jugé plus agréable, on ne se gêne pas de changer son programme, sans se préoccuper, le moins du monde, et de la parole donnée et de l’embarras dans lequel on jette ceux qui nous ont fait l’amabilité et l’honneur d’une invitation.

Lorsque les gens sont assez bons de se donner le surcroît de besogne et de dépense d’un dîner, ou d’une soirée, pour notre bénéfice, il ne faut pas croire qu’ils deviennent nos obligés, parce qu’on leur fait le plaisir d’accepter.

Quand on réfléchit, au sortir d’un bal, à tout ce désordre qu’on laisse derrière soi, au remue-ménage extraordinaire que l’on a du faire pour convertir les pièces en boudoirs, salons de réceptions, salle de festin, on s’étonne toujours de trouver, de par le monde, des familles assez hospitalières pour se prêter de bonne grâce à tous ces tracas.

Et, remarquez que nos hôtes n’ont pas seulement les soucis de l’organisation, mais qu’ils ont encore l’anxiété de savoir si leurs efforts seront, ou non, couronnés de succès.

Un bal n’est jamais une source de plaisir pour les personnes de la maison ; il leur faut s’oublier constamment pour leurs invités, voir à ce que tout le monde s’amuse, faire les présentations à droite et à gauche, enfin, se prodiguer et se faire tout à tous.

J’ai même vu une jeune fille, qui recevait chez elle, renoncer à la danse pendant une soirée, pour disposer de ses partenaires, l’un après l’autre, en faveur de quelque pauvre tapisserie.

Et, quand on compte sur son carnet autant d’admirateurs que de danseurs, ce n’est pas un mince sacrifice.

Le moins que les invités puissent faire, c’est de se rendre aimables et gentils.

Une visite de digestion ne nous acquitte pas entière-