Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/205

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nale et sourit au jour qui se lève, tandis que, près d’elle, le dur rocher reste morne et sombre.

Le bonheur arrive ainsi, miette à miette, en parcelles, qu’il faut se hâter de saisir. On doit essayer d’en trouver un peu partout. La jouissance, pour être plus intime, n’en est que mieux sentie.

Je me méfierai toujours de ces grands bonheurs qui arrivent comme un coup de foudre. Ils ne sont guère de longue durée, et gare au revers de la médaille.

Car, tout s’achète et se paie en ce monde.

Je crois en la loi des compensations. Quand, après de multiples épreuves, la paix et la sérénité se font dans votre ciel, jouissez sans crainte, sans vous laisser effrayer par les quelques nuages qui y passent encore.

Ce bonheur relatif, c’est la récompense après le travail, le repos après la lutte, et, plus vous l’aurez payé chèrement, plus il sera long et durable.

Ah ! pour ce pauvre bonheur que ne fait-on pas ? « Le bonheur, » a dit Théophile Gauthier, « est un pays dont on ne connaît pas la géographie. »

C’est pourquoi, je suppose, tant de gens font fausse route.

Il ne faut donc pas trop courir après lui. Ne le cherchons pas si loin quand il est tout près peut-être.

Et ne le désirons pas trop parfait, ni trop grand, nous gâterions ce que nous en avons en y mêlant un regret.


Lundi, 2 avril.

J’ai rencontré, ces jours derniers, dans la rue, une aimable jeune fille qui m’aborda sans façon, avec cet air de gaieté communicative qui met en bonne humeur tout ce qu’il approche.