Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/240

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l’abri, tandis que la tempête fait ployer les arbres et hurle au dehors d’une façon sinistre.

Les bonnes veillées autour de la lampe, et les charmantes lectures, faites à voix haute et tellement entraînantes que nous en oubliions l’heure !…

On versait un pleur sur le héros malheureux, on censurait la belle trop inconstante, et une sainte indignation s’emparait de nos âmes au récit des embûches dressées à la vertu !

À certains jours de la semaine, la maison s’emplissait de bruit et de joyeux éclats de rire.

C’était un brou-haha intraduisible ; on goûtait en plein air, dans le jeu de croquet, on chassait les boules à grands coups de maillets, et chaque visiteur repartait avec des brassées de fleurs, arrachées aux arbustes qui ne paraissaient pas plus dégarnis, malgré la razzia.

Le dimanche, nous allions à la grand’messe. Savez-vous bien ce que sont les offices divins dans une petite église de campagne ?

Moi, j’aime ces petits sanctuaires aux ors ternis, ces chantres dont la voix traînante et monotone accentue la triste mélopée des répons ; j’aime le bruit des mouches à corsage vert, bourdonnant au-dessus de nos têtes, et l’âcre senteur de l’encens que prodigue le thuriféraire.

Le curé du village montait en chaire, et s’asseyant d’abord confortablement, il convoquait des assemblées de francs-tenanciers et faisait le dénombrement par le nombre de feux qu’il comptait dans sa paroisse. Ces archaïsmes me remplissaient d’aise.

Un dimanche, pendant qu’il était en frais de persuader ses ouailles d’assister aux vêpres en plus grand nombre, une bonne partie de l’auditoire, peu convaincue sans doute, se laissa tout doucement aller aux douceurs du sommeil. Le bon curé, frappant de sa grosse main le rebord de la chaire, s’écria :