Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/254

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— parmi lesquels je me compte humblement, — y étaient déjà rendus.

Une ravissante jeune fille que la mariée, avec son teint de froment, le chaud coloris de sa figure, illuminée par deux grands yeux noirs. Un cachet de simplicité modeste et de distinction rendait sa personne intéressante et lui gagnait les sympathies.

Par exemple, je lui aurais voulu un costume moins… moins civilisé, si je puis m’exprimer ainsi ; quelque chose qui m’eût rappelé les voiles à plis flottants, les longues tuniques dont l’imagination se plaît à revêtir les femmes d’Orient. Sa robe moulant sa taille, ses manches bouffantes, son chapeau à plumes et à rubans la dépoétisaient à mes yeux.

Un seul ornement, peut-être, avait-elle gardé de son pays des palmiers : c’étaient de grands anneaux d’or, d’un travail bizarre, qui achevaient de donner à son exotique visage une physionomie plus étrange encore.

Le marié, — tout fort et joli gaillard qu’il fût, — me plaisait moins. Cette timidité, qui lui donnait à elle un air de modestie exquise, ne semblait plus chez lui qu’une gaucherie de mauvais aloi. Tout le temps que dura la cérémonie, il garda sa tête inclinée sur la poitrine, comme un homme que l’on traîne à la potence.

Il faut croire que quelques unes des coutumes observées pendant le service ne contribuaient pas peu à donner à cet homme un air confus ; mais n’anticipons pas.

Le syriaque étant la langue liturgique de la Syrie, les prières ont été dites dans cet idiome.

Quelquefois, un Kyrie eleison venait frapper mes oreilles comme une musique familière, puis l’officiant reprenait les prières de ce ton monotone et chantant particulier aux Orientaux.

Le bon père Chamy, avec sa longue barbe noire et