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Vous eussiez exulté comme moi de voir l’expression presque heureuse, peinte sur la physionomie de ces pauvres infortunés, quand chacune de ces dames, allant de lit en lit, distribuait, avec le pain qui nourrit, les bonnes paroles qui encouragent.

Ce jour, qu’une charité attentive et délicate leur consacre, semble comme une trêve de Dieu dans leur martyre de toutes les heures.

Aussi, on ne saurait trop féliciter les généreuses organisatrices de cette œuvre admirable, en attendant que les comble de ses bienfaits Celui qui ne laisse pas sans récompense un verre d’eau donné en son nom.


Lundi, 14 janvier.

Aimez-vous les histoires ?

En voici une que l’on m’a racontée l’autre soir, et que je vous répète avec infiniment de plaisir.

Un jour, il y avait (toutes les bonnes histoires commencent ainsi), il y avait une aimable jeune fille, riche, belle, spirituelle, douée de tous les dons imaginables.

On ne sait quelle fée bien intentionnée avait présidé à sa naissance, mais, depuis qu’elle était dans la vie, tout semblait lui venir à souhait.

À l’âge où le cœur commence à s’éveiller, il se forma une véritable cour d’admirateurs autour de la blonde enfant.

Beaucoup vinrent parce qu’elle était jolie, plus encore parce qu’elle était seule héritière et maîtresse d’une grande fortune, quelques autres parce qu’elle était bonne, mais ceux-là formaient de petit nombre, tant il est vrai que, dans ce monde, les qualités du cœur et de l’esprit ne viennent qu’après les considérations matérielles.

C’est ainsi que cela se passe sur notre machine ronde ; ni les réflexions des philosophes, ni tous les beaux discours des moralistes ne changeront rien à cet état de choses.