Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

retentir à la voix des nombreux pèlerins accourus pour le visiter.

J’ai envie de faire un petit bout d’histoire, un tout petit bout, pour rappeler ce que fut Louisbourg autrefois.

S’il y a une histoire trop négligée dans notre système d’enseignement, c’est malheureusement la nôtre. Plus tard, en voyageant ou en étudiant soi-même de plus près les faits principaux qui l’ont illustrée, on se demande avec étonnement comment on a pu si longtemps ignorer ces récits touchants, ces détails pleins d’intérêt, qui entourent la patrie d’une auréole lumineuse et la rendent plus chère au cœur de ses enfants.

C’est en 1759 que les troupes américaines et anglaises, commandées par les amiraux Pepperell et Warren, vinrent, avec une flotte nombreuse, mettre le siège devant Louisbourg.

La garnison, très affaiblie et sans secours, fit cependant une résistance désespérée.

Louisbourg, par mer, était inexpugnable ; trois petites îles, à l’entrée de son havre, en défendaient l’entrée aux vaisseaux ennemis, et on ne sait quelle aurait été l’issue de la lutte, si les Français n’avaient pas été trahis par les Indiens, croit-on ; ceux-ci enseignèrent à l’ennemi le moyen de parvenir par terre à la ville assiégée.

Un fort détachement de troupes anglaises débarqua dans la baie Gabarus et atteignit la ville dans la nuit par un grand détour à travers la forêt, — à peu près le chemin que firent Wolfe et ses soldats lorsqu’ils parurent sur les plaines d’Abraham.

Les troupes de Warren s’emparèrent des premières fortifications élevées le long de la baie, et quelle ne fut pas la surprise des soldats français, retranchés dans les trois petites îles à l’entrée du port, de voir, le lendemain au matin, le feu des canons de la côte dirigé sur eux.

La position n’était plus tenable, et, le 17 juin 1759, le gouverneur Du Chambon remit les clés de la ville entre les mains des amiraux Pepperell et Warren.