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Lundi, 11 janvier.

Est-ce l’hiver enfin qui vient de nous arriver ? Il est tombé de la neige, il est vrai, mais ne pourrait-elle pas disparaître bientôt comme celle qui l’a précédée ?

Espérons que non, toutefois, et que de nouveaux flocons viendront bientôt rejoindre les autres, pour couvrir la terre d’une bonne croûte glissante et dure.

Cela nous fera des chemins passables et on saura définitivement à quoi s’en tenir sur le genre de véhicule dont il faudra se servir. La semaine dernière encore, on essayait, le matin, les voitures sur les patins ; à midi, on les mettait sur des roues, et ni les unes, ni les autres, en réalité ne remplissaient l’office.

Ce qui portait chacun à désirer l’arrivée de l’hiver, un vrai hiver canadien, comme nous y sommes habitués, avec ses froidures, ses frimas, ses neiges, et son atmosphère pure, exhilarante, débarrassée de miasmes morbifiques, de microbes de grippe et de fièvre.

Ceux qui doivent être contents d’avoir de meilleurs chemins, ce sont les chevaux.

Surtout ceux des tramways. Pauvres bêtes, qu’elles sont à plaindre et comme elles me font de la peine !

M. Arthur Buies disait que les chiens de Tadousac étaient si maigres qu’ils s’appuyaient sur les clôtures pour aboyer ; je soutiens qu’il faudrait également des poteaux pour y laisser, de temps en temps, les chevaux d’omnibus s’y reposer. Vous les voyez partout maigres à faire peur, suant, haletant et n’en pouvant plus.

Je croyais que les cochers avaient un peu d’affection pour leurs bêtes, mais l’exception à cette règle existe pour les chevaux des chars urbains, qui, sont sans doute, les parias de la race chevaline. Les mauvais traitements ne leur sont pas ménagés. Là où il devrait y en avoir quatre, six, vous n’en voyez que